Marre des recrutements qui capotent ?

Le monde du recrutement est en perpétuelle mutation et je constate que les processus de recrutement échouent plus souvent qu'avant. La parole donnée s'étiole ou encore les acteurs concernés ne jouent pas franc-jeu. Que de temps perdu, d'espoirs déçus et de nerfs mis à rude épreuve !

Recruteur ou candidat "même combat", chaque processus est une olympiade avec une multitude d'étapes à franchir.

En qualité d'associée au sein du cabinet de recrutement Emergences RH, je vais dans cet article, tout d’abord, décortiquer les différentes sources possibles de ces crashs en plein vol.

Puis, une fois avertis des zones de risque, l’objectif est de gérer la déception des deux côtés. Enfin, l'expérience m'enseigne que bien souvent, derrière un "non", un cadeau caché s'offre à nous.

Pourquoi ça tombe à l'eau ?

Recruter ou se faire recruter devient le parcours du combattant. Les candidats et les recruteurs se retrouvent à danser d'un côté à l'autre, sans toujours parvenir à une conclusion satisfaisante.

Voici un aperçu des retours de "fin de non-recevoir" des candidats fréquemment rencontrés.

Côté Candidat

• "Désolé, mais finalement je ne rejoindrai pas votre entreprise." Parfois, un candidat pourtant enthousiaste change d'avis au dernier moment. Les motifs sont nombreux, croyez-moi. Il peut décider de ne pas déménager, accepter une contre-offre de son employeur actuel ou encore hésiter à franchir le pas.
• "Après notre dernière rencontre, je ne vais pas accepter votre proposition." La signature précipitée d'une promesse d'embauche peut entraîner des regrets, surtout si le candidat n'a pas encore visité les locaux de l'entreprise ni rencontré ses futurs collègues.
• "J’ai signé trop rapidement votre promesse d’embauche, en plus je n’étais pas encore venu sur site." Après avoir plongé dans la réalité du poste, certains candidats préfèrent décliner l'offre. Ils peuvent constater que l'entreprise nécessite un travail considérable pour être à la hauteur de leurs attentes.
• "Les temps de trajet pour venir tous les jours au bureau sont trop longs, je passe mon tour." Les longs trajets pour se rendre au bureau peuvent dissuader les candidats, même s'ils semblaient initialement enthousiastes. Parfois, ils estiment que leur package actuel est plus avantageux que la proposition qui leur est faite.
• "Contrairement à ce que vous m’avez dit, la personne à manager ne souhaite pas de N+1 ; au contraire, elle voulait ce poste en interne." Parfois, les candidats découvrent que les informations qui leur ont été communiquées ne correspondent pas à la réalité. Par exemple, le poste de N+1 n'est pas disponible comme promis.

Côté Recruteur

• "Finalement, je vais faire évoluer un membre de l’équipe en interne." Les recruteurs peuvent également changer d'avis, abandonnant un poste à pourvoir en faveur d'une promotion interne ou d'un prestataire externe.
• "Désolée j'étais débordé de plus je n'ai pas encore le retour de ma direction, je préfère suspendre ce recrutement". Et oui, la question de l'urgence du recrutement et de la disponibilité des décideurs sont des questions à poser lors du brief. J'ai pour habitude de poser la question suivante : Pourquoi ce recrutement et qu'est-ce qui se passe si vous ne recrutez pas ? Et là, selon le retour, je décide ou pas de prendre la mission.
• "Vu le comportement du candidat lors de la visite du site, je ne veux pas l’avoir dans mes équipes." Le comportement d'un candidat lors d'une visite du site peut conduire un recruteur à reconsidérer son choix. Parfois, il estime que ce candidat ne serait pas un atout pour l'équipe.
• "Les actionnaires ont décidé de ne plus ouvrir ce poste." Dans certaines situations, les décisions échappent aux recruteurs, car les actionnaires ou les dirigeants de l'entreprise décident de ne plus pourvoir un poste.

10 Leçons à retenir

1. À chaque point de contact, vérifiez l’intérêt et le désir de changement des parties prenantes : le reste de la famille, les membres de l’équipe qui va s’étoffer, les managers concernés....
2. Posez toujours la question des autres pistes en cours et comparez-les avec votre opportunité.
3. Faites preuve d’agilité et de réactivité si besoin. Mettez la pression sur votre RH pour que la proposition parte dans les délais prévus.
4. Fouillez, creusez, vérifiez les motivations réelles du changement. Pourquoi ? Depuis quand ? Qu'est-ce qu'il va se passer si rien ne change ?
5. Faites rencontrer les acteurs concernés.
6. Faites visiter les lieux de travail.
7. Soyez transparent, évoquez les problématiques et vérifiez comment le candidat les perçoit : sont-elles des contraintes ou au contraire des challenges à relever selon lui ?
8. Soyez précis, notamment sur la partie rémunération, conditions d’emploi et avantages annexes. Tout doit être listé, détaillé et présenté : horaires, jours de congés, temps de travail, prise de congés, formation interne, période d'intégration, conditions d'emploi...
9. Soyez attentif.ve au comportement de chacun tout au long du processus de recrutement : temps de réponse, traçabilité des informations à l’écrit, enthousiasme réel, envie d’avancer rapidement ou pas...
10. Laissez le temps de la réflexion, ne vous précipitez pas trop. Attendez au moins 24 heures avant de faire parvenir une proposition écrite, au risque de paraître trop "pressant" ou "sous pression".

Comment encaisser la déception ?

En qualité de recruteur, je dis plus souvent "désolée, nous ne retenons pas votre candidature" que "Félicitations, on souhaite vous recruter !". Comme dit plus haut également, je commence à entendre plus souvent "je vais y réfléchir" que "super, je suis ravi.e, quand pourrai-je démarrer ?"

La déception fait partie intégrante du processus de recrutement.

Il est essentiel de savoir comment gérer ces moments difficiles, pour en tirer des leçons et avancer.

Côté Candidat

• Comprendre et nourrir son besoin de clarté : La première étape pour encaisser la déception en tant que candidat est de chercher à comprendre pourquoi vous n'avez pas obtenu le poste. Demandez des retours constructifs, pour nourrir votre besoin de clarté et d'amélioration.
• Prendre de la hauteur et se réconforter : Prenez du recul et parlez de votre déception avec des proches ou des mentors. Rassurez-vous en vous rappelant que vous avez fait de votre mieux et que chaque entretien est une opportunité d'apprendre et de grandir.
• Accepter l'incertitude : Parfois, il n'est pas possible de connaître les raisons précises d'un refus. Apprenez à accepter que tout est relatif et que parfois, cela ne dépend pas de vous. L'important est de continuer à avancer.

• Transformer la déception en opportunité : Utilisez la déception comme une source d'inspiration pour vous améliorer. Affinez vos compétences en entretien, clarifiez vos objectifs professionnels, ou explorez d'autres opportunités qui pourraient mieux vous convenir.

Côté Recruteur

• Anticiper, vérifier, sécuriser et prendre du recul : Les recruteurs doivent s'attendre à des refus et se préparer mentalement. Vérifiez que vous avez sécurisé votre processus de recrutement autant que possible et prenez du recul pour évaluer la situation.
• Avoir toujours un plan B : Il est sage d'avoir toujours un plan B en cas de refus d'un candidat. Avoir plusieurs pistes en simultané réduit les risques liés à un échec de recrutement.
• Chaque phase est critique : Chaque phase du recrutement, depuis l'accord verbal jusqu'à la prise de poste, est cruciale. Assurez-vous que le candidat est réellement aligné sur l'entreprise et le poste à chaque étape.
• Faire appel à un cabinet de recrutement : Engager un cabinet de recrutement peut offrir une garantie contractuelle. Cela peut aider à minimiser les risques financiers.
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• Tirer les leçons de l'échec : Chaque échec de recrutement doit être considéré comme une opportunité d'apprentissage. Identifiez les erreurs ou les lacunes dans le processus et rectifiez-les pour éviter de répéter les mêmes à l'avenir.

5 Leçons à retenir

1. Une communication ouverte, en confiance, constructive et permanente est la clé
2. Le processus de recrutement est une opportunité d'apprentissage pour les candidats et les recruteurs. Débriefer, faites un rapport d'étonnement de ce qui n'a pas fonctionné pourquoi ? comment aurais-je pu anticiper ce revirement de situation ?
3. Les candidats peuvent utiliser les retours d'information pour s'améliorer et mieux cibler leurs objectifs professionnels.
4. Tandis que les recruteurs, peuvent ajuster leurs méthodes de sélection pour une meilleure adéquation avec les besoins de l'entreprise.
5. Et surtout identifier LA question à poser. Face à un candidat qui se désiste, systématiquement je lui demande : Quelle question j'aurais dû vous poser ?" et ainsi j'aiguise mes compétences et affute mon questionnement pour mes prochains recrutements.

L'opportunité cachée derrière un "non"

Depuis toutes ces années à recruter, j'ai appris à gérer ma déception, à recharger mes batteries, à faire confiance aux situations tendues et ainsi, à laisser place à de nouvelles opportunités.

Parfois et même, bien souvent, un NON est une fenêtre cachée qui s'ouvre !

Côté Candidat

Cela peut ouvrir la voie à d'autres opportunités plus gratifiantes à long terme. Vous pourriez découvrir une entreprise ou un poste correspondant mieux à vos aspirations professionnelles, ou être incité à développer de nouvelles compétences pour devenir un candidat encore plus solide.

Dans tous les cas, la vie continue et un recruteur qui un jour vous a dit Non, un autre jour, peut vous rappeler, les occasions sont nombreuses, une période d'essai qui ne se confirme pas, un autre poste qui s'ouvre ou encore un recruteur qui a changé de boite et qui pense à vous pour intégrer sa nouvelle équipe !

Les exemples sont nombreux, celui qui me revient est le suivant :

C'était il y a quelques années, Yves n'avait pas été retenu parmi les candidats shortlistés pour un poste de directeur commercial France dans une belle société de distribution alimentaire nationale. Peu après, nous l'avons rappelé pour lui proposer la direction d'une filiale à l'étranger. C'était un magnifique challenge qui correspondait parfaitement à son projet de vie avec sa famille : vivre une expérience d'expatrié.

Côté Recruteur

Le refus d'un candidat est une opportunité. Cela peut nous inciter à revoir notre processus de recrutement, à clarifier nos critères de sélection ou à mieux comprendre investiguer les motivations réelles des candidats.

À terme, cela permet de recruter un candidat mieux adapté à nos besoins et ainsi, de sécuriser l'intégration et la réussite future du collaborateur.

Régine Leroy, ancienne DRH de Miele France, avait pour habitude de me dire "Ne vous inquiétez pas, Caroline, c'est que cela ne devait pas se faire. Nous allons identifier et trouver un autre profil qui, j'en suis certaine, correspondra encore mieux à nos attentes". Son expérience parlait... À l'époque, c'était pour un poste de Directeur SAV National et après un premier écueil, nous avons recruté Denis qui, depuis 8 ans, continue à évoluer dans cette magnifique enseigne !"

Mettre un genou à terre est normal voire bénéfique. Apprenons à nous relever et à continuer à avancer !

5 Leçons à retenir

1. Candidats, tirez parti des revers pour vous perfectionner et adoptez une posture dynamique et positive.
2. N'oubliez pas que "la roue tourne", "la vie continue" et que votre état d'esprit restera un élément déterminant pour attirer à vous la bonne opportunité. Un jour, je vous parlerai de la Loi d'Attraction, promis !
3. Recruteurs quant à nous, affinons nos processus et faisons bouger nos lignes en permanence pour mobiliser l'ensemble des acteurs concernés.
4. Faites confiance aux situations difficiles, acceptez de ne pas tout maîtriser...
5. Mais profitons-en aussi pour parler d'une même voix
6. Bref, croyez aux Vertus de l'Echec, elles sont nombreuses ; encore faut-il laisser le temps au temps et garder le bon Mindset

En conclusion

Les échecs dans les processus de recrutement sont inévitables, ils sont là pour nous aider à progresser, à nous remettre en question et à devenir expert en la matière ! Ne vous laissez pas décourager.

Que vous soyez candidat ou recruteur, il est essentiel de gérer la déception, de faire preuve de patience et de comprendre qu'un "non" est une porte ouverte à quelque chose de meilleur.

N'oublions jamais que chaque expérience de recrutement est une opportunité d'apprentissage et de croissance, quelle qu'en soit l'issue.

Sinon vous l'avez compris : recruter est un métier et c'est le notre depuis plus 20 ans 😉.

Hâte de lire vos retours d'expérience et ce qu'elles vous ont enseigné.